Personnalité socioculturelle :

    Masque psychosocial, la personnalité quelque peu cultivée, artificielle (entraînée à calculer - plus ou moins avec malice ou naïveté -, « penser », programmer…) et superficielle (recouvrant la surface de tout être d'une « peau » psychosociologique), qualifiable de « fausse personnalité » [1] est « moi » quand je sais comment flagorner, m'habiller et habiller mes actions et mes motivations, voire mes cogitations, au mieux de ce que « ça » en moi peut calculer de ce que sont ses intérêts.

    Aucune évolution, ni au niveau de l'individu ni à celui de l'espèce, n'est possible quant à notre « personnalité socioculturelle » : elle n'est qu'un masque, une duperie. Et un masque ne grandit pas puisqu'il est inerte, il est une chose et non un être.

    Notre « personnalité socioculturelle » n'est que mensonge et illusion : je suis « Môsieu » ou « Madammm » Untel ou Unetelle, respecté(e)…

    En vérité ce n'est que mon image sociale qui est respectée, les valeurs qu'elle reflète et desquelles mes interlocuteurs se croient investis, par projection, lorsqu'ils m'adressent la parole. Tandis que « moi », dans cette « personna », je suis moins que méprisé : je suis ignoré car, tant que nous fonctionnons au stade I de veille (ou NC 6), nous ne savons pas même que nous sommes autre « chose » que la chose publique [2] que nous représentons socialement : médecin, diplomate, sage-femme, mère, voleur, juge, etc.

    Celles et ceux qui vivent ainsi, emprisonnés dans cette personnalité fallacieuse qui qualifie le stade I de veille (ou NC 6), utilisent un langage qui leur est commun et qui traduit, et trahit, leur absence de substance intérieure, le fait qu'ils n'« existent » que pour et par ce qui est au dehors d'eux : l'aspect, les formes, la puissance et le pouvoir à montrer aux voisins et à exercer sur autrui, la richesse monétaire à arborer afin de passer pour plus important que les autres, ou la force physique brutalement montrée.

    « J'ai vu un meusieu » disent ces malheureux emprisonnés dans le stade I de veille (ou NC 6), et jamais ils ne soupçonneront que, sous le masque de « ça » qu'ils appellent « un meusieu », il y a peut-être un autre degré d'humanité, une autre réalité exprimant notre humaine humanité : un homme.

 

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    Note additive interne de corps de page :

    « Le plus célèbre des jardiniers royaux, André le Nôtre, avait choisi pour blason parmi des milliers de plantes des plus nobles et variées - avec une modestie et un sens de l'auto-ironie à la mesure de son talent - un gros chou-cabus dont les premières feuilles pendent des deux côtés, comme des plumes, agrémenté de quelques escargots. Un être habitant son rôle avec grâce, peut-être car resté près des jardins… » [3]

 

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    La plupart des individus, en devenant « adultes », suicident leur « personnalité naturelle », parce qu'elle semble se dresser tel un obstacle en contre leur « réussissement », leur réussite sociale, leur accomplissement socioprofessionnel et autres chimères de ce genre qui s'effondrent à la moindre maladie, au moindre accident, au moindre licenciement pour motif économique ou ayant pour motif le vieillissement de l'animal qui se croyait, naïvement, « être » quelqu'un… dans une société donnée.

    Il n'est plus aucune évolution possible pour quiconque a suicidé sa « personnalité naturelle » puisqu'un masque, un objet ne grandit pas. Il ne reste que des larmes qui chez certains ne coulent même pas.

© Daniel-Philippe de Sudres, 2006.



[1] L'expression « fausse personnalité » vient du fait que le rappel, en soi-même, du « soi » professionnel, voire social, est une pure illusion. La preuve en est que, lors d'un licenciement, le grand directeur, qui toujours parlait avec un timbre de voix bas et un débit de paroles pondéré via un ton assuré, se met soudain à parler avec une voix presque enfantine, hésitante, fluctuante, car celui qui était tout… socialement, n'est plus rien et si, au-dedans, ne s'est pas construit une vraie personnalité (« naturelle », essentielle car ontologique), l'individu au dessous de ses masques est alors à l'image de sa personne : brisé, détruit, mort psychologiquement.

[2] L'expression « chose publique » signifie, en grec, « république ». L'auteur, la répétant avec une insistance toute pédagogique, semble nous inviter à observer notre situation sous l'angle platonicien d'une société choséifiant les individus…

[3] Note de corps de texte provenant de Délia Vlad, membre (humoristique) de la « Commission contre l'automatisation du sourire ».

 

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